La crèche de Noël n’est plus forcément religieuse
Malgré un déclin des croyances religieuses en France et notamment du catholicisme, l’engouement pour les crèches ne faiblit pour sa part quasiment pas. Au-delà du débat politique qui défend ou non l’installation de crèches dans les lieux publics, ces dernières sont très présentes dans les foyers de tous les Français et pas seulement les croyants. Attachés à leur crèche de Noël, mais pas forcément religieux, certains estiment qu’elle représente davantage la tradition, l’esprit festif à l’image du sapin ou encore un certain attachement culturel. Que symbolise la crèche pour chacun d’entre nous ? Est-elle devenue plus festive que religieuse ? On a tenté d’en savoir plus.
Les origines de la crèche de Noël
Pour connaître avec précision les origines de la crèche de Noël, il convient dans un premier temps de connaître la signification de ce mot qui vient du latin cripia et qui veut dire “la mangeoire aux animaux”. Dans la Bible, cela fait par conséquent référence au lieu dans lequel Jésus est né.
C’est à partir du VI siècle que les chrétiens commencent à célébrer la naissance de leur Sauveur, Jésus. Afin de l'honorer, ils décident de le représenter sous forme de statut accompagné de la Vierge Marie, de Joseph, de l’âne et du bœuf. La première crèche vivante quant à elle fut, selon la légende, inventée par François d’Assise au XIIIe siècle près de Rome. Les personnages de la crèche étaient alors incarnés par des habitants des villages alentour. La coutume s’est alors répandue dans le nord de l’Italie ainsi qu’en Provence.
Ça n’est que bien plus tard, trois siècles après l’invention de la crèche vivante, que les crèches miniatures commencent à faire leur apparition. On les remarque notamment dans les églises à Prague sous l’ordre des Jésuites. Enfin, à la fin du XIXᵉ siècle apparaissent les santons de Provence. Ces figurines d’argile représentent alors tous les personnages de la crèche, allant de ceux de la Nativité en passant par tous les corps de métiers de l’époque et les animaux.
Pendant la Révolution Française, les crèches furent interdites dans les villes et c’est à ce moment-là que les particuliers commencèrent à en installer dans l’intimité de leur foyer. Les santons étaient alors très présents dans les maisons et représentaient, pour beaucoup, des témoins de leur chrétienté, voire une résistance face aux interdictions.
La crèche de Noël de nos jours
Si les crèches sont toujours très présentes dans nos maisons à l’époque de Noël, leur signification n’est, pour beaucoup, plus tout à fait la même. On peut même aller jusqu’à dire aujourd’hui que la crèche n’est plus forcément religieuse. Très démocratisée au fil des années, le sens de son installation a changé. Ce changement de considération de la crèche s’illustre d’ailleurs au travers des débats qui peuvent survenir sur la place publique. Chaque année, on s’interroge en effet sur la possibilité ou non d’installer une crèche dans une mairie ou un hôtel de région. Pourtant, la loi de 1905 sur la laïcité devrait l’exclure de ce débat. Le fait que ce sujet existe malgré tout démontre bel et bien que la dimension religieuse de la crèche n’est plus aussi évidente.
Si pour encore bon nombre de croyants, la crèche reste un symbole religieux fort, pour beaucoup de non-croyants ou de non-pratiquants, faire une crèche revêt davantage de la pratique culturelle que religieuse. Il est par ailleurs commun de la voir, au même titre que le sapin de Noël, comme un objet de décoration participant à ajouter une touche supplémentaire à l’ambiance festive. D’ailleurs, dans certaines familles, la crèche est transmise de génération en génération. Par tradition, certaines familles continuent donc de l’installer chaque année sans pour autant en faire un objet de piété. Pratique culturelle ou cultuelle, la crèche n’a pas la même interprétation pour chacun, mais elle garde l’une de ses vocations premières : rassembler et émerveiller.
Simple décoration de Noël pour certains, symbole de leur croyance pour d’autres, la crèche a définitivement conquis nos maisons et cette tradition n’est pas prête de disparaître.