La tradition provençale de la veillée Calendale (24 Décembre au soir)
Dans une famille de santonniers, la Veillée Calendale fait partie intégrante de la vie privée et de la vie professionnelle. La famille Fouque respecte scrupuleusement la tradition en faisant la Veillée Calendale le 24 Décembre au soir.
En Provence, beaucoup de traditions sont liées aux conditions atmosphériques, comme le « cacho-fio » : le soir de Noël, la personne la plus âgée ainsi que l'enfant le plus jeune de l'assemblée emmènent tous deux la bûche, provenant obligatoirement d'un arbre fruitier mort dans l'année, dans la cheminée où l'aïeul va l'arroser trois fois de vin cuit avant de l'allumer en prononçant ces paroles en provençal :
- Alegre ! (Allégresse !)
- Dieu nous alegre ! (Dieu nous donne l'allégresse !)
- Cacho-fio ven (Cacho-fio vient)
- Tout ven ben ! (Tout vient bien !)
- De veire l'an que ven (De voir l'an qui vient)
- Se sian pas mai (Si nous ne sommes pas plus)
- Siéguen pas men (Ne soyons pas moins)
Puis, toute la famille et amis mangent le « Gros Souper ». La table sera dressée au milieu de la pièce d'où l'on pourra voir, d'un côté la cheminée et, de l'autre, la crèche. Sur la table, trois nappes seront étendues sur lesquelles se trouvent le plus beau service de la maison, trois chandeliers d'une seule bougie seront allumés. La décoration est faite avec les coupelles contenant du blé germé depuis la Sainte-Barbe, entouré d'un ruban (rouge et jaune de préférence, les couleurs de la Provence). Ensuite, la maîtresse de maison coupe les pointes qui s'appelleront le foin et elles seront posées dans l'étable de la crèche par les enfants.
Par ailleurs, des branches de pin et de petit houx (houx sauvage très fin) seront placées entre chaque assiette.
Le gros souper est un repas maigre. Il commence bien souvent par une « Bagno Caoudo ». C'est une sauce vinaigrette aux anchois que l'on fait chauffer juste avant de servir avec du céleri cru. C'est enfin le tour de la traditionnelle carde, puis poisson, généralement de la morue dessalée et enfin les fromages du pays. Ce repas comprendra sept plats.
Ensuite, tout le monde assiste à la messe de minuit et à la crèche vivante dans toutes les églises de notre région.
De retour à la maison, chacun connaît au moins, un chant, un passage de la Pastorale ou un petit couplet dans la langue de Mistral dont il fera profiter les autres. Chacun porte le « costume » (qui n'est pas un déguisement), mais un habit qui se portait déjà au XVIIIème siècle à Aix-en-Provence (les Santons Fouque sont habillés de la même époque).
Une fois la table débarrassée, elle sera embellit de nouveau pour recevoir le vin cuit et les treize desserts : les raisins secs, les amandes, les figues sèches remplies de noix, que l'on appelle le nougat du pauvre. Les dattes qui sont servies dans le plus beau plat, les pommes, les mandarines, les poires, le nougat noir ou le nougat blanc, les pâtes de coing et surtout la pompe à l'huile d'olive, les papillotes qui sont remplacées à Aix-en-Provence par les calissons.
Ce texte peut être reproduit sous condition d'y apposer la mention : Texte de Mireille Fouque – Aix-en-Provence.